C'est l'histoire d'une classe de CP en Zone d'Education Prioritaire. Elle a 21 élèves.
La moitié des parents ne parlent pas couramment le français, quelques uns ne le lisent pas du tout. Les enfants ne peuvent pas faire leurs devoirs. A certains, on n'a jamais lu une histoire, le soir.
Dans la salle d'à côté, y'a une classe de CP-CE1, qui a 20 élèves. Le dernier inscrit vient tout droit de Tchétchénie. Quoique ... il a fait un crochet par la Russie. Mais il ne sort pas un mot de notre langue, il n'en comprend pas la moindre syllabe.
Pour l'aider, il a une compatriote, arrivée depuis un peu plus d'un an. Sa petite soeur et elle commencent à se débrouiller un peu.
Ils sont adorables de volonté de s'insérer, comme on dit dans la langue des administrateurs.Dans la salle d'à côté, y'a une classe de CP-CE1, qui a 20 élèves. Le dernier inscrit vient tout droit de Tchétchénie. Quoique ... il a fait un crochet par la Russie. Mais il ne sort pas un mot de notre langue, il n'en comprend pas la moindre syllabe.
Pour l'aider, il a une compatriote, arrivée depuis un peu plus d'un an. Sa petite soeur et elle commencent à se débrouiller un peu.
Ils doivent apprendre à lire, cette année.
Pour les aider, il y avait un dispositif, depuis environ 5 ans, qui s'appelait les "CP renforcés" : le matin, les élèves avaient deux maîtresses. Pour faire la lecture, répéter les syllabes, faire de l'écriture en petits groupes... elles avaient été formées, elles avaient été aidées pour préparer des exercices adaptés, des exercices d'évaluation pour mesurer les progrès. Des heures depuis 5 ans passées en plus par amour du travail bien fait, pour la réussite des élèves.
Bon, ben, cette année, c'est fini : il n'y a plus de postes supplémentaires à consacrer à cette aide. Enterrés les dossiers, les entretiens entre midi et deux, les deux regards attentifs sur les petites nuques courbées. Entre Mickaël et Germaine, qui ont du mal, il faudra choisir. Et oublier aussi Sabine qui s'en sort pas mal, voudrait en savoir plus, plus vite, mais va devoir attendre, longtemps, que les autres en finissent.
Bon, ben, cette année, c'est fini : il n'y a plus de postes supplémentaires à consacrer à cette aide. Enterrés les dossiers, les entretiens entre midi et deux, les deux regards attentifs sur les petites nuques courbées. Entre Mickaël et Germaine, qui ont du mal, il faudra choisir. Et oublier aussi Sabine qui s'en sort pas mal, voudrait en savoir plus, plus vite, mais va devoir attendre, longtemps, que les autres en finissent.
A quelques centaines de mètres à vol d'oiseau, une autre école. Elle n'est pas en ZEP, celle-là. mais les élèves n'y sont pas plus de 18 par classe.
Pourtant, on est bien dans le public. Mais là, la dernière fois qu'on a voulu fermer une classe, les parents ont occupé l'école. Le soir, ils redonnent même du travail à leurs enfants, pour compenser ce que ces feignants d'instits ne font pas, on le leur dit souvent, à la radio, à la télé... les instits sont mal formés, ils sont payés bien trop cher pour ce qu'ils rapportent et d'ailleurs, ils ne produisent rien. C'est bien connu : l'instruction, de nos jours, n'a plus aucune valeur.
On est prioritaire comme on peut, on dirait.
D'ailleurs, on ne dit plus "Zone d'Education Prioritaire" ou ZEP, on dit "Réseaux Ambition et Réussite". RAR.
Comme les moyens. Ils sont ... RAR.
La maman de Germaine colle quatre bises sur les joues de toutes les maîtresses. Elle leur demande comme elle peut si elles ont passé de bonnes vacances. Elle n'a pas le moindre doute sur leurs compétences et leur utilité, aux maîtresses, la maman de Germaine.
Il y a des quartiers où c'est la chaleur humaine qui est prioritaire. Irremplaçable même.
On restera plus tard à l'école, le soir, pour aider Germaine à faire ses devoirs. Pour sa maman, pour elle, pour un métier qu'on aime.
9 commentaires:
je ne sais même pas quoi dire tellement ça me dégoute! et ces yeux de merlans frits qui chialent sur les enfants qui n'arrivent pas à lire en 6eme, et gna gna gna! et ils cassent l'education nationale avec délectation! des enflures!
là, je deviens vulgaire!
L'intégration sans moyen, ça permet ensuite de beaux discours sur le manque de volontés de ces étrangers à intégrer la communauté nationale...
A croire que le Prioritaire est devenu accessoire...
:-)
Il y a beaucoup de poudre aux yeux et la culpabilisation de ceux qui ont plus de difficultés.
La problèmatique, quoique différente se pose au niveau du handicap. mon fils n'aura pas de secrétaire pour le moment et il n'aura pas l'ordinateur dans sa classe comme prévu( pour le moment).
Pas les moyens et pourtant, il y a la loi de 2005. C'est une bonne loi mais derrière, il y a des manques énormes.
De graves lacunes et ce sont les gamins qui trinquent. comment peuvent-ils étudier alors qu'ils sont chargé dans leur emploi du temps et surcharger de soins...Et que dès qu'il s'agit de demander des modifications d'horaires on se heurtent à" mais madame ont fait déjà TOUT pour eux"...
quoi tout ?? Et encore, je ne me laisse pas abuser et je réclame, je suis une emm.. et j'assume mais certains parents n'osent pas...
En tout cas lorsque mon fils allait dans le collège d'une ville socialement défavorisée(Creil), la solidarité et toute la chaleur humaine rencontré à palliée
effectivement aux autres défaillances...
Etant donné que la mesure phare du gouvernement en matière d'éducation est de supprimer les réseaux d'aide et les maîtres spécialisés qui travaillaient en petits groupes avec les élèves en difficulté, ça ne va pas aller en s'arrangeant !
Je reprends à mon compte ce que dit Tarmine :
ça me dégoûte !
Il est mort ce blog ?
:-))
Non, c'est moi qui suis morte... trop de trucs à faire, quand on bosse dans le "laboratoire de l'Education Nationale", à organiser l'accueil des "orphelins de 16 h"...
Ravi d'apprendre que tu vas bien malgré tout !
Bon courage !
:-))
Merci ^^
I'll be back sometimes... I hope.
We hope too !
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